Dans le programme de ce guide pédagogique, la sphère d’intervention féministe se retrouve dans des lieux concrets, tels que les rues de Winnipeg, de Montréal ou d’Africville. On la retrouve aussi dans l’espace -temps de la mémoire, sous forme de souvenirs ou d’expériences individuelles qui contredisent parfois les récits officiels de l’histoire nationale. Enfin, cette sphère d’intervention se situe également dans l’espace des médias eux-mêmes, en tant que réservoir collectif d’images et d’identités qui sollicitent notre attention. Les œuvres choisies interviennent donc en traçant des lignes de désir à travers ces différents champs d’action.
Lignes de désir: une métaphore féministe
Une ligne de désir (en anglais : désire line) est un terme dérivé de l’urbanisme qui désigne les chemins empruntés spontanément par les passant·e·s, hors des trottoirs et des chemins officiels qui canalisent et contrôlent nos déplacements dans la ville. Par exemple, un sentier qui traverse la pelouse d’un parc indique un désir de marcher ailleurs et montre que d’autres voies sont possibles. De la même manière, les vidéos de ce programme montrent que des gestes simples, comme traverser la rue ou occuper l’espace public, deviennent en soi des moyens d’intervenir face à l’exclusion quotidienne des femmes et des personnes marginalisées.
Ces lignes de désir, par conséquent, symbolisent non seulement des indices de changement, mais aussi des engagements féministes futurs. Dans notre programme, elles se manifestent sous la forme de motifs visuels et sonores ou de thèmes abordés dans le récit. Ces lignes de désir sont inspirées par des plaintes féministes (Ahmed 2021), telles que la dénonciation des injustices, la confrontation aux situations dangereuses et l’attention portée aux traumatismes individuels et collectifs découlant de la dépossession des peuples et des déplacements forcés. Elles sont également façonnées par le refus et la résistance et, ce faisant, développent des stratégies de survie communes.
Ces courts-métrages explorent le thème de la représentation, en mettant l’accent sur les luttes, les revendications, et les plaisirs intimes et personnels qui animent le mouvement féministe. Nous avons délibérément choisi des vidéos qui s’éloignent de l’approche documentaire traditionnelle et qui incitent plutôt les spectateur·rice·s à s’attarder sur les aspects techniques de la réalisation, telles que le remixage. Nous invitons également les spectateur·rice·s à considérer les expériences corporelles et les pratiques somatiques abordées dans ces œuvres. Pour finir, notre sélection met en avant la précarité et les dangers auxquels font face les communautés défavorisées, tout en offrant des exemples de contestation et de révolte. En somme, à travers ce programme, nous posons la question suivante: comment le langage visuel et les techniques cinématographiques permettent-ils d’amplifier les témoignages (in)directs présents dans ces œuvres et de bouleverser notre vision du monde?
En somme, à travers ce programme, nous posons la question suivante: comment le langage visuel et les techniques cinématographiques permettent-ils d’amplifier les témoignages (in)directs présents dans ces œuvres et de bouleverser notre vision du monde?