Pourquoi maintenant?
Le « camp », le drame, la scène en tant que communauté, le travail du sexe, les luttes autochtones, les drags (les kings!), les histoires d’amour sur Internet et les politiques féministes (et leur effet sur l’histoire) coexistent avec la romance et les peines d’amour dans cette sélection d’œuvres incontournable que je veux partager avec les « VUCAVUeurs » à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie et de #EntreVU. Tous les 17 mai, des organisations et des communautés de partout à travers le monde choisissent cette journée pour mettre en lumière les luttes continues des personnes queer dans un monde qui semble si déterminé à nous anéantir depuis si longtemps. Nous vivons à une époque où il y a de forts contrastes entre les droits et les libertés acquis par les personnes queer et trans — au Canada, en Union européenne, au Népal, dans certaines parties de l’Amérique latine — et les reculs majeurs survenus dans les pays qui nous ont donné Sergueï Eisenstein (la Russie sous Poutine criminalise toutes les démonstrations publiques d’homosexualité, un recul jusqu’au temps des tsars) et John Waters (aux États-Unis, les organisations queer se battent ardemment contre l’extrême-droite religieuse, qui voit comme une menace à la société le fait qu’une personne trans ait besoin d’aller aux toilettes ou de se défendre contre les attaques racistes).
Qu’est-ce qui fonctionne?
Pris esthétiquement entre les traditions artistiques eurocentriques et le géant commercial américain, les cinéastes queer canadienNEs ont la chance de pouvoir compter depuis maintenant 48 ans sur la décriminalisation de l’homosexualité. De plus, les arts bénéficient de financement fédéral depuis 60 ans (grâce au Conseil des arts du Canada, l’extraordinaire organisme qui contribue davantage à la culture canadienne que ce que nos voisins américains reçoivent de leur National Endowment for the Arts, qui sert une population 10 fois plus grande et qui est maintenant en voie de disparition…).
Deux autres modèles formels définissent le cinéma queer canadien : le désir de réaliser un long métrage narratif commercialement lucratif (les Grandes Fictions) et le besoin de partager notre vérité à travers des courts expérimentaux où la forme et le contenu s’unissent (les Petites Vérités). Entre les Grandes Fictions (la société, l’argent, l’amour, le sexe utopique) et les Petites Vérités (la subjectivité, la précarité, la solitude, le sexe des rêves) se trouve la grande tradition canadienne du Long Métrage Documentaire, un modèle que nous continuons de perfectionner. « Le profil Amina » de Sophie Deraspe (Les Films du 3 mars) est à la fois l’itération parfaite et un brillant détournement de cette troisième avenue (appelons-la : les Grandes Vérités avec de Petites Fictions à l’Intérieur). Elle y raconte l’incroyable histoire d’une lesbienne montréalaise qui est tombée amoureuse de quelqu’un qu’elle croyait être une blogueuse lesbienne syrienne, mais qui s’est retrouvée dans un tourbillon de déceptions post-modernes plus étrange que n’importe quelle fiction, petite ou grande. I wanna know what love is, I want you to show me, oui, MAIS love is a battlefield, et dans le fond, nous finirons peut-être toutes comme des single ladies.
Tous les 17 mai, des organisations et des communautés de partout à travers le monde choisissent cette journée pour mettre en lumière les luttes continues des personnes queer dans un monde qui semble si déterminé à nous anéantir depuis si longtemps.