Solidarity de Joyce Wieland
Solidarity documente une manifestation en soutien aux ouvriers en grève de l’usine de biscuits Dare à Kitchener en avril 1973. Les ouvriers, 95 % desquels étaient des femmes, faisaient la grève afin d’obtenir des conditions de travail décentes et l’égalité salariale. Ce film poétique est une distillation parfaite d’un moment, son propre microcosme et musée. Le mot solidarity (« solidarité ») s’affiche en superposition au centre de l’écran et y demeure durant tout le film, ancrant les éléments sonores et visuels. La piste audio comprend des bruits ambiants de foule, des slogans de protestation énergiques et un discours livré par un membre du comité de grève de Toronto. Alors que la caméra de Wieland déambule à travers la foule, le point de vue est bas, observateur et intime : des pieds sales et boursouflés, des souliers propres, des bottes de travail, des sandales, des souliers de marche, des pattes de chien, la roue d’une poussette, des flaques d’eau, du gazon, du ciment, des déchets, des gouttes de pluie. En réduisant les individus majoritairement à leurs pieds, la cinéaste accentue et célèbre le travail collectif et partagé du groupe qui est assemblé, rejetant la notion que les structures oppressives peuvent seulement être renversées par des actes héroïques individuels.
Joyce Wieland (1931–1998) était une cinéaste expérimentale, une artiste multimédia, une féministe et une des artistes les plus importantes au Canada.
En réduisant les individus majoritairement à leurs pieds, la cinéaste accentue et célèbre le travail collectif et partagé du groupe qui est assemblé, rejetant la notion que les structures oppressives peuvent seulement être renversées par des actes héroïques individuels.