«Celui qui travaille dans la boue, qui se bat pour des miettes, qui meurt pour un oui pour un non, est-ce que c’est un homme?», demandait Primo Levi. Montréal en 1990 n’a rien d’Auschwitz et pourtant le déni d’humanité est une réalité quotidienne. Il y a tous ceux qu’on refuse de voir, qui ont des vies solitaires, obscures, sans conséquences: prostituées, sans-abri, affamés…
Henri Turcot, un simple d’esprit qui a vécu de petits métiers, et qui, à la fin de sa vie, faisait les vidanges avant les vidangeurs, est mort dans la rue à 76 ans. Bernard Émond a voulu retracer sa vie, comme s’il s’agissait d’un homme important. Le film est une sorte de monument, fabriqué avec des fragments, des traces, des souvenirs. Comme les archéologues cherchent des ruines de sociétés disparues, le cinéaste cherche l’âme d’une personne inoffensive et simple.