KR : Le dernier film ajouté à votre répertoire est " Brief Encounters & Sustained Engagement " par Freya Björg Olafson. Selon moi, il pourrait être projeté en galerie. N’est-ce pas?
EM : J’en doute. Peut-être pourrait-il être projeté dans une galerie où on peut facilement entrer et sortir. Par contre, il y a une fin bien définie. L’histoire semble aléatoire et, à la fin, l’homme qui reste dit quelque chose comme « Oh, c’est de l’art. Tu gagnes. », puis le film se termine.
KR : Je n’ai jamais utilisé l’application Chatroulette.
EM : Je l’ai essayée à quelques reprises lors de son lancement. C’est quelque chose! J’ai toujours pensé que ce serait super de la mettre à profit. Mais elle n’est jamais devenue aussi populaire que Snapchat.
En théorie, Chatroulette est formidable en ce sens qu’elle offre la possibilité de clavarder au hasard avec des gens de partout dans le monde. Bien entendu, la majorité des conversations finissent par verser dans la pornographie ou l’exhibitionnisme. En ouvrant une session, vous avez 80 % des chances de voir un homme en train de se masturber ou sur le point de le faire.
KR : Dans le film, la vidéo de la fille qui danse est-elle préenregistrée?
EM : Oui. Les réactions semblent diverger en fonction du moment à partir duquel les gens se joignent au clavardage. J’ai essayé Chatroulette; parfois on pense qu’une situation est authentique pour se rendre compte qu’elle a été créée de toutes pièces et qu’il ne s’agit même pas d’une vraie personne. J’aurais sans hésitation passé à la prochaine conversation.
KR : Je m’attendais vraiment à ce que la fille fasse le signe de la paix. J’ai été plutôt déçu que ce soit préenregistré! Mais ça reste fascinant.
EM : Selon moi, on voulait que ce soit évident qu’il s’agissait d’une œuvre d’art. Comment sont-ils parvenus à obtenir une décharge de tous les participants?
KR : C’est une question que je me pose dans le cadre de mon œuvre. Puis, je me dis : « Comment la verraient-ils un jour? » Et s’ils la voyaient, ce serait fascinant! En effet, surtout celui qui est en train de se masturber. Il ne serait probablement pas très heureux de s’y voir.
EM : On ne voit pas son visage.
EM : C’est vrai, mais ça reste une forme d’exhibitionnisme. Ce film m’a véritablement rappelé mon expérience de Chatroulette. Je l’avais oubliée. Je ne pense pas que ça ait été utilisé à son plein potentiel au cinéma.
KR : J’ai vu ce film à Locarno par Eduardo Williams, " The Human Surge ", qui porte sur cinq jeunes gays qui font l’expérience de l’application pour clavarder avec des gens du monde entier. Le réalisateur illustre leur réalité de façon très cinématographique.
EM : Ça semble très cool. Je vais regarder ce film!
KR : J’ai beaucoup apprécié ta sélection et cette expérience!
EM : C’est inspirant de parler de tous ces films extraordinaires.
En théorie, Chatroulette est formidable en ce sens qu’elle offre la possibilité de clavarder au hasard avec des gens de partout dans le monde. Bien entendu, la majorité des conversations finissent par verser dans la pornographie ou l’exhibitionnisme.