VISIONNER LE PANEL DE DISCUSSION SUR LA PROJECTION "Un/spoken" 


 
 
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Un/spoken


Durée: 59:46 min
Les durées de diffusion suivantes s'appliquent à la vidéo de courtes œuvres présélectionnées ci-dessus : 

00:00:10 : Anti-Objects, or Space Without Path or Boundary, Sky Hopinka. 13:05 min. Distributeur: Video Data Bank.
00:13:34 : filiPINES, Marissa Sean Cruz. 02:00 min. Gracieuseté de l'artiste.
00:15:43 : Small Pleasures, Karin Lee. 06:00 min. Distributeur: Moving Images Distribution.
00:21:25 : ILWEN: La tierra tiene olor a padre (the earth smells like father), Francisco Huichaqueo. 34:35 min. Distributeur: Vtape.
00:55:01 : HIDE, Sébastien Aubin. 02:46 min. Distributeur: Vtape
00:58:47 : TAFA (((O))) ATA, Léuli Eshrāghi. 01:20 min. Gracieuseté de l'artiste.

HIDE, Sébastien Aubin. 02:46 min., Vtape

Crédit d'image : HIDE, Sebastien Aubin. 02:46 min., Vtape

Un/spoken:

Panel de discussion sur la projection vidéo 

En vedette, commissaires : Marie-Anne Redhead + Mariana Muñoz Gomez & artistes : Marissa Sean Cruz + Léuli Eshrāghi

Un/spoken: Panel de discussion sur la projection vidéo

Mariana Muñoz Gomez, Marie-Anne Redhead, Marissa Sean Cruz, et Léuli Eshrāghi

Pour visionner l'enregistrement vidéo de cette discussion, cliquez sur le lien vidéo au haut de cette page ou cliquez sur ce lien : https://youtu.be/uUqS3xg1J1A

Organisé par les commissaires Mariana Muñoz Gomez et Marie-Anne Redhead, « Un/spoken ​ » est une programmation de courtes vidéos présentées par la Gallery 1C03, Plug In ICA et le Video Pool Media Arts Centre dans le cadre de l’exposition, « Sovereign Intimacies ». « Un/spoken » tisse ensemble des œuvres d’artistes i autochtones et d’artistes racialisés de la diaspora du monde entier. Chaque court-métrage ou vidéo aborde le thème des relations, des relations entre eux, à la culture et à la langue, au lieu, à la terre, aux êtres non humains, à nous-mêmes. Ces relations sont parfois marquées par la fragmentation, la dislocation et les disparitions dues aux processus de colonialisme, d’impérialisme et de dévastation écologique. Ces films nous encouragent à explorer nos relations avec les autres, avec nos mondes, avec nos histoires et nos façons d’être.

CETTE DISCUSSION VOUS EST PRÉSENTÉE PAR :

Ententes tacites : construire une intimité souveraine par la relation 

(Un/spoken understandings: building sovereign intimacies through relation)

Marie-Anne, notre amitié est si aisée depuis notre rencontre à l’université l’an dernier. Nous avons partagé des conversations sur nos vies personnelles et nos relations, ainsi que sur nos intérêts communs en matière de diaspora, d’indigénéité, de langue, de terre, de lieu et de déplacement. Il semble approprié de réfléchir à la façon dont nous avons grandi en tant que collaboratrices créatives dans le contexte du projet Sovereign Intimacies, puisque les commissaires Jennifer Smith et Nasrin Himada se concentrent sur la relation comme thème principal. Dans « Un/spoken », cette relation se poursuit également dans les œuvres de Sébastien Aubin, Marissa Sean Cruz, Léuli Eshrāghi, Sky Hopinka, Francisco Huichaqueo et Karin Lee.

En réfléchissant aux œuvres que nous avons choisies, je me suis souvenu que Jen et Nasrin avaient mentionné certains textes qui leur venaient à l’esprit au cours de leurs recherches comme commissaires de Sovereign Intimicies, dont le livre « As We Have Always Done » par Leanne Betasamosake Simpson. Tout au long de son livre, Simpson s’appuie sur des expériences personnelles pour démontrer au lecteur les réseaux connectés de relations et les diverses formes et articulations que peut prendre la théorie. Ces expériences comprennent souvent une réponse affective qui sert de guide pour remettre en question les systèmes et les structures oppressives. Les films et vidéos de « Un/spoken » embrassent une réaction affective et nous montrent comment les théories de la relation sont inséparables des applications de ces principes. 

Dans « Anti-Objects, or Space Without Path or Boundary », Sky Hopinka explore le lieu, l’histoire et les relations en se promenant à travers le langage, les sites architecturaux et la terre. Un enregistrement audio entre Henry Zenk et Wilson Bobb, l’un des derniers locuteurs de Chinuk Wawa à l’époque, est diffusé tout au long du film. Leurs conversations sont détendues et deviennent un espace d’intimité et d’apprentissage réciproque. Dans « Anti-Objects », les localités linguistiques et matérielles servent à illustrer une citation de l’architecte Kengo Kuma : « L’individu n’est pas un objet autonome et solitaire, mais une chose d’une étendue incertaine, aux limites ambiguës. Il en va de même pour la matière, qui perd beaucoup de son attrait dès lors qu’elle est réduite à un objet […] Le sujet et la matière résistent tous deux à leur réduction en objets. Tout est interconnecté et entrelacé. »1  Le film « Anti-Objects » fait référence au livre du même nom de Kuma et affirme que le langage, la terre et la culture sont vivants, actifs et entrelacés.

Le texte de l’Anti-Objet de Kuma apparaît plusieurs fois dans le film de Hopinka, une fois comme : « Nous ne serons connectés à l’environnement appelé nature sauvage que si l’on nous permet d’errer. »2 Dans leur vidéo «  filiPINES », Marissa Sean Cruz crée un environnement numérique diasporique dans lequel il est possible de se promener. Cruz traite leur « relation avec [leur] père en tant qu’immigrant philippin, du traumatisme transgénérationnel et du paysage canadien. » 3  Dans « filiIPINES », elle nomme une tension résultant du traumatisme et de la survie dans son histoire familiale, désormais liée à la vie sur des terres volées, aux territoires qui s’appellent Canada à présent. Cela me rappelle Simpson qui réfléchit sur un texte de Mishuana Goeman, écrivant que Goeman « nous met au défi de construire une compréhension plus profonde de nous-mêmes en examinant nos propres relations au lieu et entre nous en dehors des constructions spatiales du colonialisme des colons. »4 Dans le processus de création de ce non-lieu, Cruz ne cherche pas à se faire une place pour elle-même ; il remet plutôt en question sa relation à la survie, à la migration et à la terre.


Kengo Kuma, Anti-Object: The Dissolution and Disintegration of Architecture, qtd. Sky Hopinka, “Anti-Objects, or Space Without Path or Boundary,” accessed October 26, 2020, http://www.skyhopinka.com/antiobjects-or-space-without-path-or-boundary.

2 Ibid.
3 Marissa Sean Cruz, “filiPINES - a preview,” Vimeo, accessed October 26, 2020, https://vimeo.com/376012460 .
Leanne Betasamosake Simpson, As We Have Always Done (Minneapolis: University of Minnesota Press, 2017), 196.
 Melissa Gregg and Gregory J. Seigworth, “An Inventory of Shimmers,” in The Affect Theory Reader, ed. Gregg and Seigworth (Durham: Duke University Press, 2010), 1.

...Ces expériences comprennent souvent une réponse affective qui sert de guide pour remettre en question les systèmes et les structures oppressives.

Francisco Huichaqueo considère également les constructions coloniales dans ILWEN - La tierra tiene olor a padre (The earth smells of father) (ILWEN - La tierra tiene olor a padre (La terre sent comme le père)). Une affectation comme celui qui « se trouve dans les intensités qui passent de corps à corps »5 et poursuit ses enquêtes sur les relations à la fois influencée par les structures coloniales et qui s’épanouissent en dehors de celles-ci. La vidéo ILWEN de Huichaqueo est une histoire d’amour et de perte, retracée à travers les lignes patrilinéaires, le langage et les actes de travailler avec la terre. La terre participe à la construction d’intimités souveraines en devenant un lieu « d’affirmation des racines et des croyances des Mapu Che (peuple de la terre). » 6
 



Mariana, en discutant avec toi j’apprends plus qu’en m’asseyant en classe à l’université. Nous nous sommes d’abord parlé dans une salle de classe, mais les salles de classe de l’université ne peuvent pas contenir la quantité de brillance, d’amour, de soutien, de solidarité et d’amitié qui peuvent se développer en elles. Je suis reconnaissante que nous nous soyons rencontrés et que nous ayons continué à avoir ces dialogues autour d’un café, d’un dîner, chez nous, en nous promenant dans la ville, et ici.

Vous et moi avons essayé ensemble d’examiner les forces, les trajectoires et les mouvements qui nous ont amenés à être des invités ici sur la terre du Traité 1. C’est une tâche qui doit tenir compte de nos relations respectives avec l’Empire. Comme l’écrit Jodi Byrd dans le livre Transit of Empire :

« Je veux […] comprendre que les processus historiques qui ont créé notre moment contemporain ont affecté tout le monde à différents points de leurs transits avec et contre l’empire. Si le colonialisme a forcé l’autochtone à “cathétériser l’espace de ‘l’autre’ sur sa terre natale” comme nous le dit Spivak, alors l’impérialisme a forcé les colons et les arrivants à cathétériser l’espace de l’autochtone comme leur maison ». 7

Dans la mesure où nous pouvons et devons nous concentrer sur les différences entre vos expériences et les miennes, nous pouvons également discuter de la façon dont elles sont infiniment similaires et que ce travail est également très important. Nous considérons tous les deux la langue comme un lieu où nous pouvons imaginer notre façon de sortir des bouleversements du moment contemporain.

Karin Lee offre une occasion unique d’imaginer une langue commune qui n’est pas l’anglais dans son court-métrage Small Pleasures. Trois femmes (des Premières Nations, chinoises et européennes) parlent le chinook (Chinook Wawa ou Chinook Jargon), une langue de la même famille que Hopinka explore et fait revivre dans son œuvre, pour discuter de leurs perspectives sur la résistance féministe au XIXe siècle. Le dialogue est intéressant dans la mesure où il se concentre sur un combat que les trois femmes partagent, bien qu’elles le vivent chacune différemment.
 


5 Melissa Gregg and Gregory J. Seigworth, “An Inventory of Shimmers,” in The Affect Theory Reader, ed. Gregg and Seigworth (Durham: Duke University Press, 2010), 1.
6 Fransisco Huichaqueo, “ILWEN - La tierra tiene olor a padre (The earth smells of father),” V Tape, accessed October 26, 2020, https://www.vtape.org/video?vi=7961.

7 Jodi A. Byrd, The Transit of Empire: Indigenous Critiques of Colonialism (Minneapolis: University of Minnesota Press, 2011), 39.

Nous considérons tous les deux la langue comme un lieu où nous pouvons imaginer notre façon de sortir des bouleversements du moment contemporain.

Tous les artistes autochtones de notre programme utilisent l’application de principes créative pour réaliser ce que Jarrett Martineau appelle la « négation créative » ou le « refus affirmatif »8 pour voir leurs relations avec leurs terres, leurs communautés et leurs langues circonscrites par leur soumission au colonialisme de l’empire ou des colons. Les modes d’indigénat représentés ici incarnent plutôt ce que Gerald Vizenor appelle la transmotion autochtone, qui contient des histoires de survie autochtones : « Ces plis [de la “transmotion” et de la souveraineté autochtone] […] sont appréhendés dans les complémentarités des histoires, des associations, des intimités et des réincarnations qui résistent à l’absence et à la possession. » Les œuvres de Léuli Eshrāghi et de Sébastien Aubin le démontrent, car elles superposent toutes les deux la (ré)animation de la culture matérielle par le son. Dans TAFA ( ( ( O ) ) ) ATA, l’animation des « barkcloths » Sāmoan (siapo viliata) de Eshrāghi est accompagnée d’un poème sur « les ruptures coloniales entre la temporalité cyclique et linéaire. »9 De même, dans HIDE, Aubin anime des peaux de caribou grattées à la main par un spectacle de danse, mais ce spectacle est accompagné d’une composition pour piano qui évoque le ciel d’hiver au lieu d’une voix parlante. 

Les œuvres d’Eshrāgi et d’Aubin reflètent ces modes de relation, parlés et non parlés, que l’on retrouve dans le reste de ces films et des vidéos. Ces œuvres nous incitent également à réfléchir à la façon dont nous nous relions les uns aux autres et nous rappellent que dans nos expériences de vie distinctes, il y a une valeur à la fois dans les compréhensions non dites et dans les conversations que nous avons les uns avec les autres.
 
Mariana Muñoz Gomez et Marie-Anne Redhead

 


8 Jarrett Martineau, Creative Combat: Indigenous Art, Resurgence, and Decolonization, Doctor of Philosophy dissertation (Victoria: University of Victoria, 2015), iii.
9 Byrd, 16.
10 Léuli Eshrāghi, “TAFA (((O))) ATA (2020),” Léuli Eshrāghi, accessed October 26, 2020, http://leulieshraghi.art.


 
...Ces œuvres nous incitent également à réfléchir à la façon dont nous nous relions les uns aux autres et nous rappellent que dans nos expériences de vie distinctes, il y a une valeur à la fois dans les compréhensions non dites et dans les conversations que nous avons les uns avec les autres.

BIOGRAPHIES DES COMMISSAIRES

Mariana Muñoz Gomez
est une artiste émergente, écrivain et commissaire d'exposition. Elle est une colonie de couleur basée sur le territoire du Traité 1 à Winnipeg, au Manitoba. Son travail porte sur la langue, la représentation, la diaspora, le déplacement et l'identité dans les contextes post-coloniaux et de colonisation. Elle est coéditrice de Carnation Zine et co-commissaire de window winnipeg. Mariana a récemment terminé une maîtrise en études culturelles : Curatorial Practices à l'Université de Winnipeg.

Marie-Anne Redhead est Ininiw et francophone, ainsi qu’une commissaire, écrivain et membre de la Nation Cree de Fox Lake. Elle termine actuellement sa licence en arts (avec mention) à l'université de Winnipeg, avec l'intention de poursuivre une maîtrise dans le programme d'études culturelles. Par ses recherches et sa pratique créative, elle s'intéresse aux formes d'art décolonial, à l'art indigène contemporain, aux futurismes, au langage et aux identités fondées sur les relations.


À PROPOS DES ARTISTES



SÉBASTIEN AUBIN
SITE ARTISTE : https://saubin.ca/About-Us


MARISSA SEAN CRUZ
SITE ARTISTE : https://marissaseancruz.com/About​


DR LÉULI ESHRĀGHI
SITE ARTISTE : http://leulieshraghi.art/bio


SKY HOPINKA
SITE ARTISTE : http://www.skyhopinka.com/wecould


FRANCISCO HUICHAQUEO
SITE ARTISTE : https://www.vtape.org/artist?ai=1534


KARIN LEE 李嘉慈
SITE ARTISTE : karinlee.ca 

Un/spoken ​ » est une programmation de courte vidéo présentée par la Gallery 1C03, Plug In ICA et le Video Pool Media Arts Centre dans le cadre de l’exposition, « Sovereign Intimacies ». :

Le programme « Un/spoken » est financé par :

  


Le programme « Un/spoken » est soutenu par :

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Bibliographie

Byrd, Jodi A. The Transit of Empire: Indigenous Critiques of Colonialism. Minneapolis: University of Minnesota Press, 2011. 
 
Cruz, Marissa Sean. “filiPINES - a preview.” Vimeo. Accessed October 26, 2020. https://vimeo.com/376012460.
 
Eshrāghi, Léuli. “TAFA (((O))) ATA (2020).” Léuli Eshrāghi. Accessed October 26, 2020. www.leulieshraghi.art
 
Gregg, Melissa, Gregory J. Seigworth and EBSCO. “An Inventory of Shimmers.” In The Affect Theory Reader, edited by Melissa Gregg and Gregory J. Seigworth, 1-28. Durham: Duke University Press, 2010. Accessed October 26, 2020. https://hdl.handle.net/2027/dul1.ark:/13960/t2n65zw4c.

Hopinka, Sky. “Interviews: Sky Hopinka.” Artforum. Accessed October 26, 2020. https://www.artforum.com/interviews/sky-hopinka-81960

Hopinka, Sky. “Anti-Objects: Or, Space Without Path or Boundary.” Design Portland. Accessed October 26, 2020. https://designportland.org/stories/2017/anti-objects.

Huichaqueo, Francisco. “ILWEN - La tierra tiene olor a padre (The earth smells of father.” V Tape. Accessed October 26, 2020. https://www.vtape.org/video?vi=7961.

Kuma, Kengo. Anti-Object: The Dissolution and Disintegration of Architecture. Quoted in Sky Hopinka, “Anti-Objects, or Space Without Path or Boundary.” Sky Hopinka. Accessed October 26, 2020. http://www.skyhopinka.com/antiobjects-or-space-without-path-or-boundary.

Martineau, Jarrett. Creative Combat: Indigenous Art, Resurgence, and Decolonization. Doctor of Philosophy dissertation. Victoria: University of Victoria, 2015.

Tuck, Eve and K. Wayne Yang. “Decolonization is not a metaphor.” In Decolonization: Indigeneity, Education & Society. Vol. 1, no.1 (2012): 1-40.

Simpson, Leanne Betasamosake. As We Have Always Done: Indigenous Freedom Through Radical Resistance. Minneapolis: University of Minnesota Press, 2017.
VUCAVU ÉLARGIT
Cette programmation fait partie du projet VUCAVU ÉLARGIT
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien.