EM : Le film de Martha Davis, PATH, porte sur une femme qui trace un itinéraire, puis qui se promène dans des quartiers et note ce qu’elle voit. Je croyais qu’il s’agissait d’un exercice presque scientifique sur le fait de «s’arrêter pour admirer le paysage».
KR : J’ai trouvé ça tellement captivant à regarder, les séquences étaient vraiment incroyables. Je pense qu’il a été fait en 1987, alors j’aurais eu 2 ans. Je me suis senti très nostalgique en le regardant. J’avais l’impression de voir des demi-souvenirs, ou de revoir des photos de famille. Il y a une scène où ils passent devant un chantier de construction, ou une ruelle où des gens travaillent, et il y a une vieille clôture, et il y a un gars qui répare une cheminée qui fait un signe de la main. C’était tellement incroyable à voir.
EM : Ce film donne l’impression d’être une capsule témoin. J’observe une thématique de la mémoire à travers votre collection. Pensez-vous que lorsque les gens regarderont vos films dans vingt ou trente ans, ils auront cette même réaction nostalgique ?
KR : Oui, absolument. Je veux que mes films soient un peu désarmants, qu’ils nous permettent de prendre conscience que l’esthétique du film n’est pas complètement mienne, que nous nous retrouvons dans des lieux habités, avec de véritables personnes. Mon travail comprend beaucoup de plans rapprochés, il est toujours un peu gauche, un peu trop proche et imparfait.
Je me suis senti très nostalgique en le regardant. J’avais l’impression de voir des demi-souvenirs, ou de revoir des photos de famille.