Le soleil ne ment pas
par: Leslie Supnet
Au début juin, le leader du plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde s’est retiré de l’Accord de Paris sur le climat, causant une grande déception et beaucoup d’outrage au sein de la communauté internationale. Des émissions sans retenue des États-Unis pourraient potentiellement réchauffer le monde de 0,3 C d’ici 2100, faisant augmenter la température globale au-delà de 2 C, aggravant les déjà dangereuses canicules, la hausse du niveau de la mer, le déplacement de millions de gens, les guerres brutales et la perte des écosystèmes délicats pour toujours. Pour ma sélection #EntreVU, « Le soleil ne ment pas » (The Sun Does Not Lie), j’ai choisi des œuvres expérimentales dans le catalogue de VUCACU qui vont des collages (« found footage ») aux essais cinématographiques qui remettent en question le moment actuel, alors que nous vivons à une époque de catastrophes et de conflits. Alors que se multiplient les angoisses à la suite des apparemment incessantes nouvelles de dévastation et de crise, ces œuvres offrent un objectif prismatique afin de décoder et d’éclairer la vaste gamme d’éléments complexes qui ont influencé l’état de la situation actuelle.
Hypnotisés par la destruction en cours, comment pouvons-nous mieux comprendre notre moment historique en cette époque catastrophique? Le programme commence avec « Un film, réclamé (A Film, Reclaimed) » (2013) de Ana Vaz et Tristan Bera. Bera et Vaz sont des membres fondateurs du collectif COYOTE Collective, qui est décrit comme « un groupe multidisciplinaire travaillant dans les domaines de l’écologie, de l’anthropologie, de l’ethnologie et de la science politique à travers une variété de plateformes transversales. » « Un film, réclamé (A Film, Reclaimed) » est un essai cinématographique qui explore l’incertitude apocalyptique dans la foulée de la crise écologique actuelle, évoquée par un dialogue avec le cinéma populaire qui l’a accompagnée. Les cinéastes ont puisé dans un bassin d’archives de films pertinents tels que le classique du collage avant-gardiste « A Movie » (1958) de Bruce Conner, les films de genre populaires comme « They Live » (1988) et « Blade Runner » (1982), le film de répertoire épique de Herzog « Fitzcarraldo » (1982) et les curiosités cultes à la « Orca » (1977), pour ne nommer que quelques titres. Bera et Vaz tissent une dialectique à propos de la domination de la nature et d’une potentielle transformation politique, le tout étant contextualisé en segments par époques théoriques : Anthropocène, Capitalocène et Chthulucène. La critique de l’image et du son au cinéma reflète la façon dont nous conceptualisons la nature et sa relation avec ces époques proposées. Face à la récurrence historique de catastrophes depuis Hiroshima et Nagasaki, le film suggère que ces termes décrivant des époques devraient demeurer ouverts, afin d’évoquer l’incertitude symptomatique de nos temps modernes. La catastrophe est le langage que parlent les paysages. « Un film, réclamé (A Film, Reclaimed) » nous encourage à réévaluer notre interaction avec la nature de nouvelles façons : à travers la déterritorialisation, la réciprocité, les relations symbiotiques et l’acceptation de la notion que, comme un narrateur le déclare, « Nous sommes la nature ».
La catastrophe est le langage que parlent les paysages. « Un film, réclamé (A Film, Reclaimed) » nous encourage à réévaluer notre interaction avec la nature de nouvelles façons : à travers la déterritorialisation, la réciprocité, les relations symbiotiques et l’acceptation de la notion que, comme un narrateur le déclare, « Nous sommes la nature ».