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Chacune des vidéos peut maintenant être louées individuellement.

Le programme #GÉOGRAPHIES2018 suivant, Espaces et endroits féminins : Réexaminer la « man-land tradition » par l’entremise de films et vidéos canadiens " a été sélectionné pour VUCAVU par Holly Cunningham, une Gestionnaire des arts médiatiques et la Directrice générale du Near North Mobile Media Lab à North Bay en Ontario. "Espaces et endroits féminins" présente cinq films qui examinent les relations entre le genre, l'espace corporel et le paysage.

La sélection ​de Cunningham est le deuxième de quatre programmes gratuits qui seront publiés sur VUCAVU pendant les mois de mai à septembre 2018. La série #GÉOGRAPHIES2018 de VUCAVU reflète largement sur les notions de mémoire et d'identité comme étant liées au physique; que ce soit à des espaces physiques, à des architectures construites, au paysage corporel et le mot écrit. L'objectif de la série #GÉOGRAPHIES2018 est de lancer de nouvelles perspectives sur ce qui a déjà été nommé et défini. Les géographies sont des entités physiques existantes qui sont souvent nommées et rebaptisées, à travers une réflexion sur elles et avec divers objectifs qui sont créés et transformés à travers le temps.
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**VEUILLEZ NOTER : Ce programme est seulement gratuit pour l'usage privé d'un seul utilisateur. Les groupes ou institutions qui souhaitant diffuser ce programme auprès du public peuvent se renseigner sur les tarifs de location de groupes à l'adresse suivante admin@vucavu.com.

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Nous tenons à remercier le Conseil des arts de l’Ontario, un organisme du gouvernement de l’Ontario, de son aide financière.

Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.

 
Holly Cunningham

Holly Cunningham

Gestionnaire des arts médiatiques

Espaces et endroits féminins :
Réexaminer la « man-land tradition » par l’entremise
de films et vidéos canadiens

Essai de Holly Cunningham

Holly Cunningham est une gestionnaire dans le domaine des arts et une conservatrice d’arts médiatiques émergents établie à North Bay, Ontario. Sa carrière se concentre sur combler les lacunes dans l’accès aux arts médiatiques dans le nord de l’Ontario. En tant que directrice générale du Near North Mobile Media Lab depuis 2009, elle a contribué à créer des espaces d’accès médiatique pour les artistes médiatiques jeunes et émergents dans six communautés additionnelles du nord de l’Ontario. Durant cette période, elle a cofondé le North Bay Film Festival et a été présidente du conseil de l’Ice Follies Biennial, un festival d’arts contemporains et communautaires sur le lac Nipissing gelé. Elle a également été active dans les discussions culturelles à travers la région et le pays, siégeant au conseil du MANO (Media Arts Network of Ontario) et de l’IMAA (Independent Media Arts Alliance), et étant présidente du conseil de la White Water Gallery – un des centres d’artistes autogérés actifs depuis le plus longtemps au Canada. En 2015, Holly a été lauréate du prix de la leader culturelle émergente présenté par Artist-Run Centres and Collectives of Ontario. Holly est aussi une musicienne professionnelle qui joue et effectue actuellement des tournées avec Hidden Root’s Collective.

" Espaces et endroits féminins :
Réexaminer la « man-land tradition » par l’entremise de films et vidéos canadiens "


Un essai de Holly Cunningham


En 1963, le géographe William D. Pattison a suggéré que la discipline de la géographie était composée de quatre catégories ou « traditions » générales. Parmi ces quatre piliers des études géographiques, la man-land tradition (comme elle était connue en anglais) prétendait à une autorité sur la compréhension de l’interaction humaine avec l’environnement. Les géographes féministes des années 1970 et 1980 se sont questionnées – où se trouvaient donc toutes les complexités des vies des femmes dans cette man-land tradition? Comme l’a écrit la géographe Jennifer Hall, « La plus grande leçon pour nous, en tant que nouvelles géographes, était possiblement que l’espace humain n’était pas neutre, que les paysages nous entourant n’étaient pas que des contenants pour nos activités ».1

En parcourant la riche base de données de VUCAVU, après avoir été invitée à programmer une série d’œuvres ayant pour thème les Géographies, mon premier instinct a été de penser au thème offert dans les termes les plus vastes, en relation avec l’espace et l’identité. Alors que j’explorais de nombreuses œuvres abordant ces thèmes, une question a surgi : comment un sentiment de soi change-t-il entre les espaces que nous occupons et comment les femmes, en particulier, réagissent-elles à ces géographies changeantes? Ce qui suit est une sélection de vidéos et de films canadiens qui explorent comment les géographies des femmes façonnent leurs sentiments par rapport aux espaces et aux endroits qu’elles occupent dans le monde. 


1. Jennifer Hall, “The Next Generation: Can There Be a Feminist Geography without Gender?”, The Great Lakes Geographer, Vol. 9, No. 1, (2002): 19.

La plus grande leçon pour nous, en tant que nouvelles géographes, était possiblement que l’espace humain n’était pas neutre, que les paysages nous entourant n’étaient pas que des contenants pour nos activités.

En commençant par l’immédiateté de la façon dont nous nous déplaçons à travers le monde, le film " This Is How They Make Us Bend "  d’Allison Hrabluik utilise l’animation image par image pour suivre une figurine qui exécute une chorégraphie planifiée. Apparemment sans logique ou raison, ce mouvement méticuleusement planifié force le corps de la figurine à se tordre et se renverser en formes parfois absurdes, mais élégantes. Sans tête et impossible à identifier, le personnage compte sur une troisième jambe pour naviguer la chorégraphie imposée alors que les attentes deviennent de plus en plus compliquées et déformées. L’effet est exagéré par le son des jointures surexploitées qui craquent. Le plus frustrant pour le spectateur est quand la figurine rate une partie de la chorégraphie et est forcée de tout recommencer. Au moment que l’on croit être finalement la fin, après un moment de repos, la figurine commence à reculer hors du cadre, probablement pour recommencer parce qu’elle a oublié un pas. Hrabluik parvient à rendre l’absurdité de tout ceci apparemment normale, nous faisant nous questionner sur la nature arbitraire des règles de navigation imposées par la société.

Hrabluik parvient à rendre l’absurdité de tout ceci apparemment normale, nous faisant nous questionner sur la nature arbitraire des règles de navigation imposées par la société.

Dans MY WOUNDED HEAD ", l’artiste Stephen Chen nous présente une femme trans qui se retrouve quelque part entre son espace immédiat et ce qui se trouve au-delà de la pièce qu’elle occupe. Dans ce qui semble être un endroit chaleureux et confortable — une chambre d’hôtel, ou peut-être une résidence privée bien entretenue — nous observons le personnage se maquiller, lentement et délibérément. Chaque couche de maquillage évolue en une performance rappelant un rituel, créant une anticipation tendue de ce qui arrivera ensuite. C’est avec soin que la femme adoucit sa peau, presque comme si elle se réconfortait avant de faire face au rude monde extérieur. À un certain moment, ses mains sont en position de prière sous son menton. Ces mouvements méthodiques continus nous donnent l’impression que ce n’est pas tant une tâche quotidienne qu’une performance profondément personnelle. La trame sonore est une réinterprétation de Passion selon Saint Matthieu de Bach, “O Haupt voll Blut und Wunden” (“Ô tête couverte de sang et de blessures »), qui oscille entre des moments d’allégresse et d’hésitation. Une photo en noir et blanc de son allure finale apparaît comme un souvenir ou un désir. Nous nous complaisons avec elle dans ce moment persistant de certitude avant que la femme quitte la pièce vers l’incertitude. Sa chambre est une géographie de sécurité, mais elle peut y rester seulement pendant un certain temps.

Ces mouvements méthodiques continus nous donnent l’impression que ce n’est pas tant une tâche quotidienne qu’une performance profondément personnelle.

Dans le film d’animation visuellement saisissant Mia’ ", Amanda Strong et Bracken Hanuse Corlett explorent le désir de mémoire et d’identité d’une artiste de graffiti dans un environnement urbain. Remarquant à travers son reflet qu’elle a été transformée en saumon, Mia est emportée dans un voyage lui faisant voir ce qui était et ce qui pourrait être. Un aigle l’aide à surmonter un paysage loin de la destruction de sa maison. Les saumons d’ici sont forts, nombreux et d’une couleur rose vif. L’eau est propre dans ce lieu d’abondance. Toutefois, Mia se retrouve prisonnière, incapable d’aller de l’avant dans cette terre promise. « Comment dire à quelqu’un que son monde n’est pas le seul qui existe? » Cette citation de Lee Maracle à la fin du film évoque la frustration de ne pas avoir un espace et un endroit au sein des conversations sur les géographies partagées.

Comment dire à quelqu’un que son monde n’est pas le seul qui existe?

Le film " The Bird that Chirped on Bathurst " de Midi Onodera s’ouvre sur un mouvement chaotique qui semble aller inlassablement de l’avant, avec des images urbaines familières comme une foule et une machine à laver à pièces. Nous entendons un rythme de tambour discordant et la sonnerie incessante de ce qu’on découvre éventuellement être un téléphone public. À travers des images granuleuses en 16 mm, nous voyons des femmes aller et venir, disparaissant et réapparaissant dans les espaces de la ville, possiblement avec le passage du temps. Nous avons l’impression qu’elles ne se sentent ni ici ni là, ou peut-être qu’elles attendent quelque chose ou quelqu’un. Un moment calme au port est passager, et le mouvement commence à nouveau. Un paradoxe identitaire se rattache à la ville qu’Onodera occupe. On dit que les oiseaux vivant dans des environnements urbains chantent plus aigu afin de se faire entendre au-dessus du bruit du trafic. Alors que les villes deviennent de plus en plus bruyantes, les oiseaux doivent continuellement changer la façon dont ils chantent et communiquent entre eux. En repensant à la femme avec le parapluie dans le film d’Onodera, peut-être que la façon dont elle a été forcée de changer est similaire, mais tout ce qu’on entend est que « elle demeure seulement la même ».

... nous voyons des femmes aller et venir, disparaissant et réapparaissant dans les espaces de la ville, possiblement avec le passage du temps.

Francisca Duran explore également le sentiment identitaire d’une femme et la façon dont cela s’entremêle avec le(s) paysage(s) urbain(s) dans son filmBoy ". À travers des scènes en 16 mm lentes et sublimes, nous suivons Duran alors qu’elle traverse ses souvenirs d’endroits. L’action de donner naissance à son fils change dramatiquement comment elle voit son espace et elle-même. Ce changement est entièrement réalisé dans la narration : « Il est impossible d’imaginer ce que ce serait d’envelopper une autre personne aussi complètement dans ma vie » et peu après, « Il est impossible d’imaginer un temps où il n’existait pas ». Bien que les villes où elle a vécu aient emporté des parties d’elle, la naissance de son fils l’a emportée totalement. À travers deux paires d’yeux, elle imagine maintenant les géographies de ces endroits à travers les expériences imaginées de son garçon.
 


Nous tenons à remercier le Conseil des arts de l’Ontario, un organisme du gouvernement de l’Ontario, de son aide financière.





Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.

... les villes où elle a vécu aient emporté des parties d’elle, la naissance de son fils l’a emportée totalement.