Au commencement de nouveau, mais cette fois-ci, au moment catalyseur d’une déclaration, un désir, « un rêve de faire quelque chose de mieux ». « City Survival » (1983) de Lulu Keating est une approche légèrement plus tendre de la ville. Notre guide est Keating elle-même, animée derrière sa protagoniste Mary Francis. Le traitement de Keating est soigné. Sentant notre nervosité face au départ, une fois de plus, elle nous rappela avant de partir : « Vous pouvez toujours revenir à la maison ». (Peut-être étions-nous ici auparavant?) Keating supervise notre transport sécuritaire vers la ville. Elle nous donne ensuite un endroit où vivre, et elle nous présente même des individus qui peuvent nous aider. Or, cet endroit que nous désirons tant demeure loin de notre portée.
Le monde avec lequel elle nous entoure crée une isolation et à travers son personnage principal, nous sommes constamment cadrés d’une façon qui intensifie notre solitude. Cette ville en est une qui nous surplombe, étrange par sa forme, intimidante. Des changements de ton, de composition et de trame sonore accentuent la distanciation, parce qu’ici, dans cette ville, nous trouvons quelque chose de moderne, complexe, dont l’expérience s’apparente parfois à de la science-fiction.
En explorant les systèmes d’un endroit, Keating crée une projection, et modifie la symbiose entre son personnage et l’endroit. Elle inverse les rôles et dépeint l’effet d’un endroit sur une personne. Au sein du récit, une cascade accompagne son personnage – coulant toujours juste au-delà la fenêtre du monde qui entoure Mary-Francis. Et si vous écoutez attentivement, vous pouvez tout juste entendre la nostalgie et la préservation de souvenirs latents qui craquent dans les murs.
Allez-y, mettez votre oreille sur le mode, comme si c’était un coquillage…
Mais au-delà de ces contraintes, les résidents animent la ville. C’est à travers eux que la ville et notre relation avec elle sont vivifiées. Une collection d’interactions qui interviennent entre deux géographies distinctes accentue l’intimidation, la peur et l’inquiétude de façons ludiques et humoristiques – des interventions maladroites, si nombreuses qu’elles semblent être des incidents subtils.
La ville de Keating est bâtie sur l’exclusivité, ce qui est un moyen d’isoler. Malgré le ton inquiétant, une lentille est vigoureusement fixée sur le monde, qui change à travers le personnage, près d’un éclat de lumière loin devant, pointant sous le voile urbain.
Et nous sommes laissés à nous-mêmes une fois de plus, peut-être pour continuer à conjurer notre rêve?
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons à remercier le Conseil des arts de l’Ontario, un organisme du gouvernement de l’Ontario, de son aide financière.
La ville de Keating est bâtie sur l’exclusivité, ce qui est un moyen d’isoler. Malgré le ton inquiétant, une lentille est vigoureusement fixée sur le monde, qui change à travers le personnage, près d’un éclat de lumière loin devant, pointant sous le voile urbain.