En avril 2021, la Liaison of Independent Filmmakers of Toronto (LIFT) a célébré son 40e anniversaire modestement, en cette tumultueuse année pandémique. Mais depuis, nous revisitons l’héritage de LIFT en tant que ressource et carrefour communautaire pour les cinéastes qui y sont passés. Ce programme de six films plonge dans les œuvres que des membres de LIFT ont tournées durant les années 1980 et 1990. Déployant une variété de styles, de tons et de formes, ces six films ont incroyablement bien vieilli. Ils ont en commun de refléter leur époque et d’aborder doucement des sujets éclectiques.

VUCAVU et LIFT présentes:

Ombres et illumination: 

Six portraits filmés de membres de LIFT, 1981-2001

Commissaire : Cayley James

 

Ombres et illumination : Six portraits filmés de membres de LIFT, 1981-2001

Commissaire : Cayley James

 


Sur le site web de LIFT, il y a une section consacrée aux publications que nous avons créées au fil des ans, incluant notre infolettre envoyée aux membres sous diverses formes, de 1985 à 2007. D’abord une brochure dactylographiée, puis un zine photocopié et enfin un magazine imprimé sur papier glacé intitulé Film Print, les infolettres de LIFT sont des capsules temporelles créées avec amour durant une période fertile dans l’histoire de l’organisation. LIFT a grandi exponentiellement lors des années documentées dans ces infolettres, passant d’un petit collectif, qui tenait des réunions réputées pour être très longues, à un important centre de production pour la scène cinématographique de Toronto. Chaque numéro incluait des listes de projets en production, sur le circuit festivalier, ou qui avaient été achetés ou diffusés. Consulter ces numéros durant l’année de notre 40e anniversaire m’a permis d’avoir une compréhension encore plus riche de l’histoire d’une organisation qui a tendance à minimiser son impact durable.


À travers une année où les expériences collectives étaient limitées, il y avait quelque chose d’encourageant à passer du temps à fouiller dans ces anciennes publications où un sentiment de communauté tangible se fait ressentir. Avec leurs annonces de projections, leurs petites annonces, leurs critiques, leurs essais à la première personne (“How I Sold My Film to the CBC” / « Comment j’ai vendu mon film! » ) et leurs entrevues en tous genres (dans le numéro d’août 1991, on revient sur les débuts de Suspect Video!), ces infolettres illustraient le paysage en métamorphose de la scène cinématographique torontoise. Des essais prenant la défense de lieux comme le Euclid Theatre dans la Petite-Italie qui étaient menacés par l’embourgeoisement (c’est désormais un Spirit Leaf) côtoyaient des discussions politiques rigoureuses sur la censure pratiquée par l’Ontario Film Review Board qui a affecté toute une génération d’artistes ontariens (l’organisme a finalement été démantelé par le gouvernement de l’Ontario juste avant le début de la pandémie). C’est grâce à ces anciennes publications qui mettaient en valeur le travail des membres, du financement initial de leurs films à leur distribution, que j’ai été en mesure d’assembler ce programme que l’équipe de VUCAVU nous a gentiment demandé de créer après le succès de notre précédent programme 40e anniversaire, UNSTEADY LANDSCAPES, lancé en 2021.
 

une brochure dactylographiée, puis un zine photocopié et enfin un magazine imprimé sur papier glacé intitulé Film Print, les infolettres de LIFT sont des capsules temporelles créées avec amour durant une période fertile dans l’histoire de l’organisation.
black and white images from LIFT publications with portraits of people and text

Extraits des archives des publications de LIFT : https://lift.ca/publications_home/
 

Bien qu’une glorieuse aura brute entoure les aspects DIY propres à cette ère du cinéma indépendant à Toronto, les films de ce programme trouvent un écho remarquable à notre époque. Ces six portraits reflètent la variété de formes et de genres que les membres de LIFT ont explorés au fil des ans, tout en ayant en commun d’aborder doucement des sujets éclectiques. Encadré par deux films s’apparentant à des journaux intimes oniriques, le programme voyage de la méditation hypnotique de Tracy German à propos de la grossesse, a private patch of blue (1998), à la dramatisation de la tragiquement brève existence de Marcel Commanda dans City of Dreams (1995) de Jorge Manzano et Commanda. À la fois l’adaptation par Jeremy Podeswa de David Roche Talks To You About Love (1983) et Silent Song (2001) de Elida Schogt s’adressent directement aux spectateurs, les incitant à remettre en question leur façon de parler à propos de l’amour romantique et des tragédies historiques, respectivement. Tout comme Do Nothing (1998) de Ruba Nadda, Exposure (1990) de Michelle Mohabeer renverse la vision d’un Canada homogène à sa façon, provoquant une réflexion sur l’identité nationale et personnelle qui est toujours en cours.
 

... une glorieuse aura brute entoure les aspects DIY propres à cette ère du cinéma indépendant à Toronto, les films de ce programme trouvent un écho remarquable à notre époque.
A black and white image of a person sitting on the ground in a plaid shirt, looking beyond the camera. There is a poster in the background that says A.I.M.

Image fixe de: "City of Dreams,", Jorge Manzano & Marcel Commanda, 29 mins, 1995, CFMDC 


Alors que nous entamons une nouvelle année et que LIFT entre dans sa prochaine décennie d’existence, ce programme est un moyen sommaire, mais néanmoins important de faire l’inventaire de ce qui a été créé auparavant. Il y a de nombreux exemples formidables du travail accompli par les membres au cours des 40 dernières années, ce qui ravive la passion de l’organisation pour continuer d’offrir un espace et des opportunités à nos membres afin qu’ils puissent tourner des films qui défient le statu quo. Nous sommes heureux de les aider.


Essai rédigé par Cayley James

...continuer d’offrir un espace et des opportunités à nos membres afin qu’ils puissent tourner des films qui défient le statu quo.
A black and white still of a group marching. A large poster of two hands holding many gender symbols is held up.

Image fixe de: "Exposure", Michelle Mohabeer, 8 mins, 1990, CFMDC
 

À PROPOS DES ARTISTES 


MARCEL COMMANDA

Marcel Commanda était un poète, artiste de scène, percussionniste, cinéaste et vidéaste émergent Ojibwé issu de la Première Nation de Rama. Marcel est décédé en 1994 tout juste après la fin du tournage.


TRACY GERMAN

Tracy a une vaste expérience en production cinématographique et vidéo, en installation, en diffusion de films, et en enseignement. Au cours de sa carrière, elle a travaillé en création de projets, en distribution et avec des festivals, en photographie, en installation, en médias mixtes, en sculpture, en peinture, en son, et en technologies vidéo numériques. Elle détient une maîtrise de l’université York en production cinématographique et un diplôme en arts médiatiques du collège Sheridan, où elle enseigne actuellement dans le programme d’arts médiatiques et de principes médiatiques. Le travail de Tracy s’inscrit fermement dans une idéologie féministe et une esthétique avant-gardiste, où le processus est mis de l’avant durant la production, remettant en question les définitions et les catégories.
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PROFIL SUR VUCAVU


JORGE MANZANO

Né à Santiago du Chili en 1968 et ayant immigré avec sa famille au Canada après le coup d’État de 1973, Jorge Manzano a entamé des études supérieures en 1988 à l’université de Toronto, où il a obtenu un baccalauréat en sciences politiques et en études cinématographiques. Lorsqu’il était étudiant, il a découvert sa passion pour le cinéma et il a commencé à explorer son identité de personne de couleur au sein de la société canadienne. En 1994, Jorge a fondé Nepantla Films. Nepantla est un mot nahuatl décrivant la réalité de vivre entre divers mondes et identités. Il est producteur et réalisateur, bien connu pour Johnny Greyeyes (2000), City of Dreams (1995) et Being Brave (2021).  


MICHELLE MOHABEER

Dre Michelle Mohabeer est née en Guyane et habite maintenant à Toronto (Canada). Elle a été sacrée « meilleure réalisatrice de 2020 » par le Festival du film underground de Berlin pour son deuxième long métrage documentaire, Queer Coolie-tudes (2019), qui a aussi remporté le prix de la mise en scène à Docs Without Borders, et le prix Intersect lors du 15e festival international Caribbean Tales. Ses films précédents incluent le long métrage documentaire Blu In You (2008), Coconut/Cane & Cutlass (1994), et divers courts métrages tournés de 1990 à 2003 : Echoes (2003), Tracing Soul (2000), TWO/DOH (1996), Exposure (1990) et le film expérimental Child-Play (1996).

Les films de Mohabeer ont été présentés à travers le monde dans plus de 300 festivals, conférences et galeries, en plus d’être acquis par plus de 60 bibliothèques universitaires à travers les États-Unis, le Canada et les Caraïbes. On a écrit à propos de ses films dans Film Fatales: Independent Women Directors, The Romance of Transgression in Canada, North of Everything, The Bent Lens, Queering Canada: A Collection of Essays, et l’article « Putting the Cool in Coolie: Disidentification, Desire and Dissent in the work of filmmaker, Michelle Mohabeer » dans The Caribbean Review of Gender Studies, entre autres.

Michelle Mohabeer enseigne à l’université York dans le département d’études sur les femmes, la sexualité et les genres. Ses projets incluent un long métrage documentaire et une contribution en tant que rédactrice à l’anthologie critique Reframing the Nation: Racialized & Queer Diasporic Women of Colour and Indigenous Canadian Independent Women Filmmakers 1990-2020.
PROFIL SUR VUCAVU


RUBA NADDA

Ruba Nadda est une écrivaine, réalisatrice et productrice encensée par la critique internationalement. Elle a étudié la littérature anglaise à l’université York (Toronto), puis a suivi un cours de six semaines sur la production cinématographique à la New York University Tisch School of the Arts. Elle a tourné plusieurs courts métrages primés, dont Lost Woman Story (1996), Do Nothing (1997), Interstate Love story (1997), Wet heat drifts through the afternoon (1997), So Far Gone (1998), Damascus Nights (1998), I would suffer cold hands for you (1999) Black September (1999), Laila (1999), Slut (1999) et Aadan (2004), avant de scénariser et réaliser les longs métrages Sabah (2005), Cairo Time (2009 – gagnant du prix du Meilleur long métrage canadien au Festival international du film de Toronto, et film romantique le mieux évalué sur Rotten Tomatoes en 2010), Inescapable (2012), et October Gale (2014).

Précédemment, elle a développé des séries pour HBO et ABC, et elle travaille actuellement sur un nouveau projet, Casablanca Blvd, avec Anonymous Content. Elle a réalisé plus de 70 heures de télévision (à la fois pour des réseaux américains et canadiens) au cours des cinq dernières années.
​RUBA NADDA IMDB


JEREMY PODESWA

Jeremy Podeswa est un réalisateur canadien de cinéma et de télévision. Il est connu pour les films The Five Senses (1999) et Fugitive Pieces (2007). Il a aussi beaucoup travaillé comme réalisateur pour des séries telles que Six Feet Under, Nip/Tuck, The Tudors, Queer as Folk, et la minisérie de HBO sur la Seconde Guerre mondiale The Pacific. 
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ELIDA SCHOGT

Elida Schogt est une cinéaste et artiste médiatique primée, dont le travail puise dans les expériences personnelles et remet en question les systèmes de pouvoir. On la connaît notamment pour son court métrage documentaire expérimental Zyklon Portrait, décrit par The Toronto Star comme étant « élégamment envoûtant et possiblement le film sur l’Holocauste le plus visuellement soigné de tous les temps ». Elle détient une maîtrise en études médiatiques de la New School for Social Research (NYC) et un doctorat en arts visuels de l’université York. 52 Weeks, 52 Women Artists, son projet de 2021 sur les médias sociaux, célèbres les voix et les régions sous-représentées. 
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PROFIL SUR VUCAVU

À PROPOS DE LA COMMISSAIRE :


CAYLEY JAMES

Cayley James est une auteure et gestionnaire dans le domaine des arts à Toronto. En 2013, elle a complété son MLITT en cinéma et télévision à l’Université de Glasgow. De 2013 à 2015, elle a fait partie de l’équipe de programmation et de coordination du Festival international de cinéma des droits de l’homme Document de Glasgow. Depuis son retour à Toronto en 2016, elle a géré les campagnes d’impact des documentaires primés The Messenger et Driving with Selvi, en plus de travailler pour le Festival de films de Regent Park et la série Bechdel Tested du Revue Cinema. Elle a écrit dans Cinema Scope et The Globe and Mail. Depuis trois ans, elle occupe le poste de coordinatrice du développement chez LIFT. 

Ce programme est co-présenté par VUCAVU et la Liaison of Independent Filmmakers of Toronto (LIFT) dans le cadre d’un partenariat financé par les projets Open Door (Toronto Arts Council) et VUCAVU Expanded (Conseil des arts du Canada).

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