IMAGES-D’UNE-NATION : le vrai Nord
J’étais très excitée lorsqu’on m’a approchée pour créer une sélection de films pour VUCAVU; des films qui, selon moi, offriraient une appréciation plus authentique de l’expérience « canadienne » pour les nombreux d’entre nous qui sommes « autres ».
Je suis moi-même une citoyenne canadienne naturalisée, ayant immigré au Canada il y a près de 29 ans. Je me souviens de mon arrivée à Ottawa en 1988. gée d’environ 16 ans, je ne comprenais pas vraiment ni la société ni la culture canadienne. Après tout, c’était la décision de ma mère de venir vivre ici. Les seules images que j’avais du Canada étaient celles de ces hommes blancs sur des chevaux qui portaient des chapeaux à forme étrange (les quatre-bosses de la police montée), des castors (de gros rongeurs principalement nocturnes et semi-aquatiques) et des épisodes de The Beachcombers et Le Vagabond. Je préférais cette dernière série à Lassie, en passant. Le Vagabond avait besoin de beaucoup moins de validation que Lassie, et j’appréciais son autonomie. Je n’ai réalisé que bien plus tard qu’autant historiquement que culturellement, socialement et linguistiquement, le Canada était diversifié. Je ne réalisais pas initialement que le Canada est vraiment un pays formé par des immigrants, où coexistent de nombreuses voix et expériences. Le Canada n’est pas une nation homogène; ses habitants sont aussi contrastés que ses paysages.
Je suis convaincue que le Canada est un des meilleurs pays au monde, et je suis certaine que beaucoup de nouveaux arrivants partagent cette perception. Je suis toutefois consciente que comme moi, beaucoup de nouveaux arrivants n’ont aucune « image » claire du Canada. Ils imaginent peut-être que le Canada ne contient que des ours polaires, des villes ennuyantes et de longs hivers glaciaux. Ils croient peut-être également que le Canada n’est habité que par des gens d’origine européenne. J’ai voulu créer une liste de lecture sur VUCAVU permettant aux nouveaux arrivants d’avoir une vision plus claire du vrai Nord.
C’est pourquoi j’ai choisi le court métrage de docufiction expérimentale Whitewash de Nadine Valcin, qui met en lumière un aspect peu connu de l’histoire de bienfaisance douteuse du Canada. Cette œuvre doucement poétique dépeint l’histoire de l’esclavage sur l’Île-du-Prince-Édouard, richement racontée en voix hors champ alors qu’on voit les corps et les visages de neuf générations de descendantes féminines. « Le film décrit comment les descendantes se sont assimilées dans la population générale jusqu’à devenir quasi invisibles et comment ce processus reflète l’amnésie collective à propos de l’histoire de l’esclavage au Canada. » (Nadine Valcin, Vimeo).
Je n’ai réalisé que bien plus tard qu’autant historiquement que culturellement, socialement et linguistiquement, le Canada était diversifié. Je ne réalisais pas initialement que le Canada est vraiment un pays formé par des immigrants, où coexistent de nombreuses voix et expériences.