PICTURES OF THE INTERIOR - SEAN GARRITY, EXPÉRIMENTAL, 2003, 4 MIN 46 SEC – WINNIPEG
Le cinéaste Sean Garrity a amorcé sa carrière au Canada après avoir parcouru l'Asie et l'Amérique du Sud pendant plusieurs années. Avec le court métrage pictures of the interior, un film photographique en noir et blanc, il propose une traversée mnémonique de quelques fragments de ses pérégrinations.
Par un enchaînement contemplatif d’images fixes et une narration en voix hors champ, sans habillage musical, Garrity adopte l’œil du flâneur et le ton, très personnel et intimiste, du confident. Il fait défiler lentement une collection de photographies – des photos d’art plus que des documents –, pour la plupart capturées au cours de ses voyages, qu’il accompagne d’observations personnelles. Chacune devient un écrin, une petite boîte qui s’ouvre et qui laisse s’échapper quelques moments d’intériorité, quelques réminiscences furtives. Odeurs, sonorités, ambiances, ombres, lumières, présences et esprits des lieux prennent presque vie dans l’immobilité des images et l’esprit vagabond transmis par les mots. À la fois sensuel et profond, l’ensemble déploie dans une grâce sans artifice une certaine nostalgie. L’image finale, prise par son père, montre Sean Garrity enfant, assis devant le téléviseur. C’aurait aussi pu être la première image du film, celle où tout a commencé. Placée là, en guise de conclusion, l’image prodigue à la chute une ouverture belle et inattendue.
SNOWBIRDS - JOANNIE LAFRENIÈRE, DOCUMENTAIRE, 2017 48 MIN. – MONTRÉAL
L’angle par lequel la photographe et cinéaste Joannie Lafrenière aborde la question du voyage et de la migration avec SNOWBIRDS donne une vision complémentaire et antagonique à la thématique de la sélection.
Véritable diorama vivant, le long métrage documentaire dresse avec beaucoup d’authenticité, de respect et une dose délectable d’humour le portrait d’une communauté d’exilés volontaires, des retraités québécois, qui, comme des oiseaux migrateurs originaux, s’installent en Floride tous les hivers. En quête de loisirs, de chaleur et de divertissements, ils s’enracinent six mois par année dans leur maison mobile, sur une parcelle de terre qu’ils ont acquis et où ils se sentent « comme chez eux ».
La grande cohérence entre le traitement cinématographique, les choix esthétiques et le sujet du film en fait un objet filmique tout à fait séduisant. Cadrages, valeurs de plans et « mises en scène » soigneusement préparés donnent à voir les protagonistes au quotidien, dans leur environnement domestique ou pratiquant leurs activités de prédilection, tout en faisant ressortir l’esthétique populaire et un peu « kitch » de leurs univers. En présentant cette galerie de personnages colorés et attachants, Lafrenière circonscrit un phénomène sociologique à nul autre pareil. Les gens qu’on y rencontre confient leurs motivations, leur parcours, leurs quêtes, leurs valeurs, leurs rêves, leur appréhension de la maladie et de la mort, donnant à voir au passage leur vision du déplacement, du voyage, de la vie. Et c’est absolument captivant!
... une collection de photographies...Chacune devient un écrin, une petite boîte qui s’ouvre et qui laisse s’échapper quelques moments d’intériorité, quelques réminiscences furtives.