Le centre d'artistes Video Pool Media Arts Centre présente :

SHOWING INITIATIVES II

 
SHOWING INITIATIVES II

SHOWING INITIATIVES II

 

Un programme sélectionné par :

JENNY WESTERN

SHOWING INITIATIVES II

Texte de commissariat de Jenny Western


En 2013, à l’occasion du 30e anniversaire du centre d’artistes d’arts médiatiques Video Pool Media Arts Centre, on m’a demandé de sélectionner un programme de vidéos et d’écrire un essai mettant en valeur les œuvres autochtones de leur collection. Après avoir visionné plusieurs vidéos de la voûte et consulté quelques cinéastes, programmateurs et administrateurs autochtones, j’ai créé le programme intitulé « Showing Initiatives » qui jetait ce qui était, je l’espérais, un regard positif vers le passé. Le programme soulevait aussi des questions à propos de l’héritage du travail médiatique autochtone au cours des dernières décennies. Dans l’essai original que j’ai écrit, je mentionnais que : « une grande partie des œuvres qui ont été produites pour la collection de Video Pool sont des vidéos uniques, créées par des personnes réalisant pour la première fois et qui, dans plusieurs cas, n’avaient jamais fait d’autres vidéos. Ces genres de vidéos sont souvent produites avec des fonds mis de côté précisément pour ce type d’artiste émergent, mais le résultat est une archive en cul-de-sac qui semble raconter l’histoire d’artistes autochtones qui sont des nomades créatifs, incapables de bâtir ou maintenir une pratique professionnelle. »


Depuis ce temps-là, Video Pool a répondu à certaines des questions soulevées par ce programme et de l’essai, en particulier par rapport aux façons dont les jeunes autochtones et les vidéastes émergents reçoivent ou non du soutien financier pour continuer leur pratique artistique médiatique. « Showing Initiatives II » devient donc ma façon de représenter la suite à ce premier texte, de revisiter le programme original qui se penche sur le travail médiatique produit depuis ce temps-là avec l’aide des ressources de Video Pool, ainsi que d’autres initiatives récentes à travers les Prairies.
 

...ma façon de représenter la suite à ce premier texte, de revisiter le programme original qui se penche sur le travail médiatique produit depuis ce temps-là avec l’aide des ressources de Video Pool, ainsi que d’autres initiatives récentes à travers les Prairies.

Le programme original incluait une variété d’œuvres du catalogue de Video Pool, incluant des vidéos d’artistes remarquables tels que zachary longboy, Thirza Cuthand et Darryl Nepinak. Néanmoins, en regardant le programme, une œuvre intitulée « Judging » réalisée en 1998 par C.C, C.Stylin et Hibreed continue de se démarquer. Cette vidéo a été créée dans le cadre d’une initiative du nom de Urban Story Tellers (Aboriginal Teen Video Initiative Program), une série produite, interprétée et montée par des adolescents autochtones vivant dans le quartier du North End de Winnipeg. Ces jeunes étaient jumelés à des artistes expérimentés de la communauté, et « Judging » a été produit avec l’aide de Liz Barron. Comme je l’ai écrit en 2013, « ce vidéoclip raconte une histoire de violence urbaine à travers des reconstitutions et une trame sonore rap originale. Sur papier, cela confirme peut-être tous les préjugés à propos des jeunes autochtones en milieu urbain à Winnipeg, mais la vérité est que cette vidéo parvient à détourner tous les clichés avec sincérité. » Il s’agit de la seule œuvre de C.C., C.Stylin et Hibreed dans la collection de Video Pool, et ces créateurs ne sont pas demeurés en contact avec le personnel de Video Pool, mais « Judging » demeure un document de trois jeunes hommes apprenant à utiliser la vidéo et les outils médiatiques pour faire entendre leurs voix. Vingt ans plus tard, les spectateurs peuvent toujours voir comment les artistes apprenaient à faire du montage vidéo expérimental et à assembler leur histoire.

 

Le programme original de 2013 incluait aussi « Apocalypse 16 » de Curtis Kaltenbaugh. Cette œuvre a été créée en 2005 avec l’aide des Fonds pour une première vidéo de Video Pool. C’est un hallucinant pastiche d’images vidéo — des archives, des paysages urbains, le blé poussé par le vent — au son d’une musique de flûte traditionnelle. En 2007, Kaltenbaugh a créé un long métrage documentaire pour l’Office national du film intitulé « A Place Between: The Story of Adoption » à propos de ses expériences en tant que personne adoptée interculturelle. C’est impressionnant qu’il soit passé de sa première vidéo à quelque chose d’aussi ambitieux en seulement deux ans. Comme je l’ai écrit en 2013, « en tant que première œuvre, « Apocalypse 16 » témoigne de la façon dont Video Pool encourage les nouveaux vidéastes émergents ». Bien qu’il ne semble pas y avoir d’œuvres médiatiques plus récentes de Kaltenbaugh, « Apocalypse 16 » demeure un exemple de comment le soutien de Video Pool de ceux qui réalisent une vidéo pour la première fois peut les propulser plus loin dans leur pratique médiatique.

 

...raconte une histoire de violence urbaine à travers des reconstitutions et une trame sonore rap originale. Sur papier, cela confirme peut-être tous les préjugés à propos des jeunes autochtones en milieu urbain à Winnipeg, mais la vérité est que cette vidéo parvient à détourner tous les clichés avec sincérité.

La dernière œuvre du programme original qui est incluse dans la programmation « Showing Initiatives II » est « Mikomiing » de l’artiste Leonard Sumner. « Mikomiing » est un documentaire de neuf minutes à propos de Jerry Sumner, un pêcheur commercial de la Première nation de Little Saskatchewan. « Mikomiing » signifie « sur l’eau glacée » en Anishinaabemowin. L’œuvre suit Jerry durant une journée hivernale alors qu’il vérifie ses filets sous la glace du lac gelé. Plus récemment, Sumner s’est fait connaître pour sa carrière musicale, bien qu’il soit diplômé en production médiatique et qu’il ait travaillé comme agent de liaison culturelle pour la bourse des vidéastes autochtones de Video Pool. « Mikomiing » a été créé durant une résidence d’un mois chez Video Pool, et comme je l’ai écrit en 2013, « l’œuvre originale, ressentie et bien réalisée est indéniablement l’histoire d’une expérience autochtone racontée par une voix autochtone avec un attrait universel. » « Mikomiing » est en effet un regard informatif et révélateur sur l’expérience autochtone moderne, présenté avec tendresse et un peu d’humour. En retournant de nouveau à ce que j’ai écrit en 2013 : « En plus de raconter une excellente histoire avec beaucoup de talent, « Mikomiing » représente un exemple réussi de ce qui peut être accompli lorsque le système d’initiatives autochtones en production vidéo fonctionne vraiment ». Un artiste a été en mesure de développer une relation avec Video Pool et les ressources s’y trouvant. Le résultat a été une formidable œuvre qui demeure grandement pertinente dix ans plus tard.

 

...est en effet un regard informatif et révélateur sur l’expérience autochtone moderne, présenté avec tendresse et un peu d’humour.

Depuis le lancement de « Showing Initiatives » en 2013, Video Pool s’est efforcé de bâtir sur le succès de ses programmes et d’aborder certaines questions soulevées dans l’essai original. En 2015, Video Pool a mis sur pied un programme de mentorat des jeunes du nom de l’Indigenous Media Arts Initiative, qui jumelle chaque participant avec un artiste autochtone établi qui agit comme mentor pour de la formation, avec un accès aux ressources de Video Pool. Bien que ce programme ait été précédé par l’Aboriginal Media Arts Initiative, qui a été actif de 2008 à 2012, le nouveau programme inclut des artistes actifs au cœur de leur carrière aux côtés de protégés émergents pendant trois ans, afin de non seulement doter les nouveaux vidéastes des outils nécessaires pour leur pratique continue, mais aussi de créer des relations qui démontrent comment une pratique continue est justement possible. Les œuvres produites dans le cadre de l’Indigenous Media Arts Initiative incluent « High Altitude » de Victoria Inglis, « Grow Up » de Michael Captain, et « Going with the Flow » de Winona Bearshield et Jaylene Wood. Ces trois œuvres sont incluses dans « Showing Initiatives II », démontrant la trajectoire tracée par l’entremise des relations soutenues entre des artistes et les ressources nécessaires.


La vidéo « High Altitude » de Victoria Inglis a été créée dans le cadre de l’Indigenous Media Arts Initiative en 2018. À l’époque, Inglis recevait du mentorat de l’artiste KC Adams. « High Altitude » se concentre sur la poésie orale qui explore les expériences contemporaines de militantisme, de décolonisation et de racisme, le tout étant jumelé à de l’imagerie tirée des médias de masse en plus d’images originales. Cette œuvre a une qualité thérapeutique, les spectateurs voyageant avec la voix du narrateur à travers les divers mouvements de la vidéo. « High Altitude » est une création sophistiquée de la part d’une artiste émergente, qui a remporté le prix de la Meilleure œuvre des Prairies au WNDX Festival of Moving Image.

 

...se concentre sur la poésie orale qui explore les expériences contemporaines de militantisme, de décolonisation et de racisme, le tout étant jumelé à de l’imagerie tirée des médias de masse en plus d’images originales.

Michael Captain a aussi participé à l’Indigenous Media Arts Initiative, de 2016 à 2018, produisant « Grow Up » en 2018 dans le cadre du programme, alors que son mentor était Luther Alexander. « Grow Up » est une œuvre personnelle, contemplative et vulnérable qui se présente comme un journal vidéo de la vie d’un jeune homme. Tournée en noir et blanc, la vidéo donne l’impression aux spectateurs de se plonger dans les pensées de son créateur alors que des sentiments d’anxiété, de mal du pays et d’amour sont partagés.

« Going with the Flow », qui provient du programme 2016 de l’Indigenous Media Arts Initiative, offre une version légère de l’art médiatique avec un style expérimental et libre. Les vidéastes Winona Bearshield et Jaylene Wood ont reçu du mentorat de l’artiste Jackie Traverse durant cette période et, bien que l’influence de Traverse soit notable dans le style de peinture en accéléré et les couleurs vives, il y a également l’énergie des jeunes créatrices qui traverse l’écran. Chacune de ces trois vidéos produites dans le cadre de l’Indigenous Media Arts Initiative de Video Pool démontre une façon différente d’approcher les outils, les ressources et les opportunités de mentorat offerts aux jeunes artistes. Chaque œuvre témoigne du potentiel qui a peut-être été déclenché à travers une relation soutenue qui encourage la pratique de nouveaux vidéastes.

 

...style de peinture en accéléré et les couleurs vives, il y a également l’énergie des jeunes créatrices qui traverse l’écran.
“Little Blue Bird” by Amber Twoyoungmen and Kez Lefthand, Nakoda AV Club (Calgary, 2014)

“Little Blue Bird” by Amber Twoyoungmen and Kez Lefthand, Nakoda AV Club (Calgary, 2014)

Les autres œuvres dans « Showing Initiatives II » incluent « Skate Break » de Peatr Thomas, « Little Blue Bird » d’Amber Twoyoungmen et Kez Lefthand, et « The Unbothered » de Shawn Cuthand. « Skate Break », la vidéo de Thomas, suit un jeune homme à travers les rues de Winnipeg alors qu’il visite diverses murales sur sa planche à roulettes, résolvant éventuellement une énigme qui le mène au pow-wow. Cette œuvre a été réalisée dans le cadre du concours de films en 48 heures du festival Manito Ahbee en 2019, et bien qu’elle n’ait pas été produite via une initiative de Video Pool, c’est une vidéo qui est soutenue par le réseau de distribution de Video Pool. On y découvre une nouvelle voix rafraîchissante qui est très bienvenue.

La vidéo « Little Blue Bird » d’Amber Twoyoungmen et Kez Lefthand est née d’une initiative du Nakoda AV Club de Calgary en 2014. La chanson qu’on peut entendre dans la vidéo est une berceuse Nakoda qui a été enregistrée et animée par de jeunes Stoneys. Créé en collaboration avec le Stoney Education Language and Culture Team, ce projet avait pour objectif d’utiliser les outils multimédias pour aider les enseignants à introduire la langue Nakoda en classe. Le résultat est une brève vidéo très sympathique qui sera appréciée autant par les enfants que les adultes.

L’œuvre finale incluse dans « Showing Initiatives II » est « The Unbothered » de Shawn Cuthand, qui est originaire de Saskatoon. Cette vidéo a été créée en 2019 en tant que court métrage en plan-séquence tourné sur une bobine de pellicule Super 8, sans aucun montage. Cuthand est humoriste, alors son film est doté d’un bon sens de l’humour alors qu’il raconte l’histoire de deux randonneurs qui rencontrent « The Unbothered », un duo qui leur offre de leur montrer comment vivre de la terre dans la brousse de Saskatchewan. Il y a une urgence et une espièglerie qui témoignent de la façon dont cette œuvre a été réalisée. Bien que ces trois vidéos n’aient pas été créées avec l’aide de Video Pool, leur inclusion dans la programmation de « Showing Initiatives II » est importante afin de montrer les différentes façons qu’ont les jeunes autochtones et les vidéastes émergents de faire leur marque dans le monde des arts médiatiques à travers les Prairies canadiennes.

Cela fait sept ans que Video Pool a célébré son 30e anniversaire et que « Showing Initiatives » a été lancé, et beaucoup de choses ont changé dans le paysage des arts médiatiques depuis ce temps-là. Dans mon texte de 2013, j’avait écrit que « les possibilités pour encourager la création continuelle de vidéos par des artistes autochtones sont vastes, et alors que Video Pool entame sa 31e année, j’espère que ces initiatives vont mûrir et évoluer dynamiquement de la même façon que cette organisation l’a fait au cours des trois dernières décennies. » Bien qu’il y ait encore du travail à faire, particulièrement afin de mieux soutenir les vidéastes autochtones établis et plus âgés, Video Pool continue de peaufiner les moyens par lesquels ses initiatives soutiennent la pratique continue des jeunes vidéastes autochtones. « Showing Initiatives II » offre un aperçu de comment les choses avancent et suggère possiblement où elles pourraient aller à l’avenir. Que ce soit au cours des sept prochaines années ou des 30 prochaines années, les vidéastes autochtones continueront de contribuer et à façonner la sphère des arts médiatiques avec leurs voix et leurs histoires, et c’est une initiative qui mérite d’être vue.

 

« Showing Initiatives II » offre un aperçu de comment les choses avancent et suggère possiblement où elles pourraient aller à l’avenir.

JENNY WESTERN

Jenny Western est une commissaire, écrivaine et éducatrice indépendante basée à Winnipeg, au Manitoba. Elle est titulaire d’un baccalauréat en histoire de l’Université de Winnipeg et d’une maîtrise en histoire de l’art et en pratique de commissariat de l’université York à Toronto. Au cours de ses études supérieures, elle a accepté un poste à l’Art Gallery of Southwestern Manitoba (AGSM) à Brandon où elle a occupé le poste de la commissaire d’art contemporain/autochtone et est devenue par la suite la commissaire adjointe de l’AGSM. Western a été commissaire d’expositions et de programmes à travers le Canada et elle représente un tiers du collectif d’art The Ephemerals, qui a été nommé pour le prix Sobey en 2019.

Western est une membre de la Brothertown Nation du Wisconsin et est d’ascendance Oneida, Stockbridge-Musee et européenne. 

Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.

 

Le programme « Showing Initiatives II » de Video Pool Media Art vous est présenté en partenariat avec :