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Chacune des vidéos peut maintenant être louées individuellement.

Nous sommes ravis de partager la DERNIÈRE sélection de notre série #GÉOGRAPHIES 2018, une programmation spéciale de Rhayne Vermette intitulée « CAUCHEMARS DE RÊVES – TRAJECTOIRES VERS UNE VILLE. »

Dans son programme, Vermette, une cinéaste et une membre du collectif WNDX, a choisie d'examiner la dichotomie entre les géographies urbaines et rurales et la manière dont ce thème est abordé dans les œuvres de Midi Onodera, Darryl NepinakAna Vaz et Lulu Keating.

**VEUILLEZ NOTER : Ce programme est seulement gratuit pour l'usage privé d'un seul utilisateur. Les groupes ou institutions qui souhaitant diffuser ce programme auprès du public peuvent se renseigner sur les tarifs de location de groupes à l'adresse suivante admin@vucavu.com.  

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Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.

Nous tenons à remercier le Conseil des arts de l’Ontario, un organisme du gouvernement de l’Ontario, de son aide financière.

 
Rhayne Vermette

Rhayne Vermette
Cinéaste
 

« Cauchemars de rêves – trajectoires vers une ville. »

Essai de : Rhayne Vermette

À la suite d’un départ très réfléchi du milieu universitaire architectural, Rhayne Vermette (née en 1982 à Notre Dame de Lourdes, au Manitoba) a développé une œuvre distinctive en construction d’images à travers le cinéma et la photographie. Principalement autodidacte et influencée par les architectes italiens d’après-guerre, Vermette explore des thèmes provenant du décadentisme ainsi que des notions d’indétermination. Sa pratique artistique s’est précisée à travers une quantité d’images analogiques en mouvement qui équivaut à plus de 20 courts métrages. Ces films ont été projetés dans de nombreux contextes, incluant au Festival Images, au Festival international du film de Jihlava, au Festival du nouveau cinéma, au Festival européen des arts médiatiques, à DOXA, au Festival international du cinéma d’animation de Melbourne, et ainsi de suite…

Rhayne fait partie du collectif WNDX à Winnipeg, au Manitoba, et elle contribue à la programmation de leur festival depuis 2014.

« Cauchemars de rêves - trajectoires vers une ville. »​
Essai de : Rhayne Vermette


J’ai choisi de vous emmener dans un voyage spectral vers la fantaisie d’une ville. MA ville! Une vision, reflétée dans une allégorie programmée! UN RÊVE!

Allons-y!

La carte vers notre destination est en état cristallin – des lignes et des marques, reflétées, et réfractées, nous éloignant de notre trajectoire encore et encore et encore et encore et encore. Vous vous demanderez peut-être parfois – hé, sommes-nous passés par ici auparavant? Peut-être, oui, mais regardez comme cette formation a changé. Je vous dirai ça.

Cette idée d’une projection fragmentée de notre chemin est exactement ce qui anime notre ville. (NOTRE ville!) En prenant cette route, un concept universel (ville!) devient une mégapole multiple. Un endroit animé à travers le son et l’image, se révélant toujours comme un mirage omniprésent dans notre vision – comme un horizon frémissant, juste hors de portée, au loin, et au-delà du cadre en passant par -
                                              un récit
                                                   une généalogie
                                                                  un personnage
                                                                                  une histoire
                                                                                             un rêve
                                                                                                      ET
                                                                                                                                       un souvenir.

C’est juste là – loin devant. Le voyez-vous?

Nous voyagerons à travers un cartogramme vivant de 4 films. Quatre topologies distinctes délimitant chacune son propre sentier à travers un vaste panorama d’images en mouvement et d’éléments cinématographiques éphémères pour éclairer la compréhension d’une ville. Cachés sous les planchers du rêve qui englobe une ville, nous rencontrerons l’apparition d’un endroit et révélerons inévitablement les cauchemars latents qui y sont cachés.

Peut-être n’arriverons-nous jamais à notre destination, mais rappelons-nous que le véritable plaisir se trouve toujours dans le voyage.


Est-ce que rêver en couleur était une possibilité quand vous êtes dabord intervenu au sein de lidée dun rêve?

Était-ce pour penser à un autre géographique, vous demandez-vous?

Est-ce quelque chose de relié à une certaine nostalgie que vous avez sauvée?


[Au son du timbre, tournez la page.]
 

Un endroit animé à travers le son et l’image, se révélant toujours comme un mirage omniprésent dans notre vision – comme un horizon frémissant, juste hors de portée, au loin, et au-delà du cadre...
"Home Was Never Like This", Midi Onodera, 1983, CFMDC

Image fixe de « Home Was Never Like This », Midi Onodera, 1983, CFMDC

Ce voyage commence avec un regard en arrière, un coup d’œil dans le rétroviseur vers l’endroit d’où vous venez. Je parle de l’endroit où vous avez d’abord conservé la création de l’image d’une ville. Pour illuminer le contenant d’un tel souvenir, nous nous tournons vers une braise offerte par « Home Was Never Like This » (1983) de Midi Onodera.

Le film définit d’abord son propre proscenium comme une silhouette de notre chemin assombri, momentanément révélé à nous dans un éclat de lumière…

Chaque personne entre seule, dans cette œuvre.

L’immobilité complète de notre environnement est amplifiée par le bourdonnement silencieux du film. Onodera commence en nous offrant une page blanche où nous pouvons construire notre idéal. Une impression soigneusement fragmentée qui est ensuite superposée, réassemblée rythmiquement à travers la technique « step printing ». Dans l’espace d’Onodera, il y a une transition entre les images comme de la matière en fusion, s’entrechoquant comme des vagues argentées qui vont et viennent sur la surface d’une marée spectrale. Peut-être ne sommes-nous pas dans un souvenir, mais dans le rêve lui-même.

Comment faire renoncer la matière à sa forme physique?

Nageant à travers l’intérieur et l’extérieur des images, nous découvrons des textures voluptueuses et des ombres mouvementées. Nous nous perdons pendant un moment…

. . .

Notre rêve est rattrapé par une interférence de l’histoire de quelqu’une d’autre, qui nous est racontée sur un ton monotone, à travers des bips abrupts et divers autres effets sonores. Nos yeux sont toutefois encore à la dérive… mais nous écoutons… et comme nous écoutons, une rêverie se déroule.

Une cité luxueuse!  /Une extravagance moderne!  /  …

Nous écoutons encore…

Alors que les pages de son récit sont tournées, Onodera nous présente l’idée d’une ville comme un fantasme, et seuls dans notre intérieur, nous restons là à contempler le rêve, le désir, l’objectif, un seul vœu. Inévitablement, la trame du récit succombe à l’attrait de la ville, et les images – avez-vous vu? Elles changent en réaction. S’ouvrant à nous légèrement, à travers des mouvements altérés qui donnent l’impression de réellement pénétrer l’étendue photographique. Brièvement, pris dans ce moment, dont nous sommes témoins et que nous vivons – elles se touchent. Juste un peu. L’histoire de perturbation et de fiasco d’Onodera se mesure désormais à un érotisme de l’espace qui s’accroît. C’est comme si, plus notre récit se déplace loin, plus l’intérieur s’expose.

[Avez-vous tourné la page?]

[Bien.]

... Onodera nous présente l’idée d’une ville comme un fantasme, et seuls dans notre intérieur, nous restons là à contempler le rêve, le désir, l’objectif, un seul vœu.

En dépassant la maison, le long d’un sentier, nous commençons à suivre une route plus pittoresque vers notre ville, à travers l’excitant et émouvant court métrage « The Last of the Nepinaks » (2005) de Darryl Nepinak. Notre introduction dramatique à ce paysage est provoquée par une trame sonore inquiétante et un rythme de montage qui départage le décor...

C’est un jour hivernal bleuté, aux abords d’un précipice. Je crois que nous titubons quelque part entre les broussailles et les champs. Et si vous regardez attentivement, vous verrez que divers sentiers peuvent être empruntés à pied; certains sont glacés ou couverts de neige. Et juste au bon moment, notre réalisateur nous présente son neveu – notre guide. La caméra de Nepinak partage immédiatement son point de vue avec le neveu – une délicieuse interaction qui place le spectateur là-bas, d’une certaine façon.

Lors de ce voyage, nous sommes intimement près de l’extérieur, et à d’autres moments, nous traînons loin derrière. Nepinak forme un parcours en collage que nous pouvons suivre, toujours en tournant autour de l’action. Constamment en mouvement, nous pouvons observer l’environnement qui nous entoure, ce qui amplifie la formidable aventure et la sublime performance de notre leader… Pendant ce temps, notre guide s’avance difficilement à travers la neige, traversant de vastes étendues, mais en maintenant sa fougue et en nous gardant motivés nous aussi.

L’aspect épique de la musique et du titre du film de Nepinak se base sur une diffusion d’une extraction industrieuse de l’histoire. Submergeant sa propre candeur, il recadre le traitement de ces codes cinématographiques à travers un fond d’humour et, probablement je crois, d’amour. Changeant notre point d’entrée dans la ville à travers une mise en scène précise traversant une vue saisissante du centre-ville de sa ville (Winnipeg), Nepinak nous présente un monde beaucoup plus dense, complexe et stratifié, tout juste au loin. Pouvez-vous le voir?

Notre prochaine diversion est le long de la voie arrière de la ville. Avez-vous peur?

Peut-être devriez-vous?

Constamment en mouvement, nous pouvons observer l’environnement qui nous entoure, ce qui amplifie la formidable aventure et la sublime performance de notre leader...
Still image from "Sacris Pulso", Ana Vaz, 2008, CFMDC

Image fixe de « Sacris Pulso » , Ana Vaz, 2008, CFMDC

Car c’est à travers ces canaux aquatiques que nous allons faire l’expérience des fragments d’une ville ruinée dans « Sacris Pulso  » (2008) d’Ana Vaz. Avant le début de notre périple, nous retrouvons encore le premier moment d’un souvenir.


Pouvez-vous vous en rappeler?

Est-ce la même chose qu’au commencement?

Comment se rappeler de nouveau change-t-il le paysage de cet endroit que nous tentons d’atteindre?



Nous nous déplaçons prudemment à travers une brisure d’un paysage, et le film de Vaz, en réaction, éclate en morceaux de sources visuelles. La ville nous est présentée comme une attirante vision irisée. Le traitement est vraiment superbe – je vois un hologramme phosphorescent présenté comme un tout… On se rapproche, je crois.

Maintenant.

Nous devons d’abord entrer dans cette ville, en la quittant. Et alors que nous nous éloignons lentement de notre île, Vaz nous laisse tomber…

profond
profond
profondément dans le tunnel d’un souvenir. 

Nous rencontrons d’abord la ville comme un vestige futur. C’est une représentation d’elle-même, exposée derrière un cadre de verre poli du passé. Nous avançons lentement ici, déplacés dans un dense torrent de formaldéhyde à travers l’endroit.

C’est comme si…

C’est comme si plus nous essayons de voir l’endroit, plus notre réalisatrice enrobe ses débris de tissus scintillants, entremêlés de rêve et de souvenir. La ville et notre propre conscience d’elle demeurent obscurcies par les sentiments de peur et de désir. Nos voyages se transforment en lucidité alors que Vaz nous laisse errer dans une vaste étendue. Comme si nous avions été jetés dans le gouffre d’une hallucination, voyant à travers d’innombrables paires d’yeux, considérant les constructions qui se manifestent devant nous.

Puis nous nous réveillons.

C’est une représentation d’elle-même, exposée derrière un cadre de verre poli du passé. Nous avançons lentement ici, déplacés dans un dense torrent de formaldéhyde à travers l’endroit.
Still image from "City Survival", Lulu Keating, 1983, Moving Images Distribution

Still image from « City Survival » , Lulu Keating, 1983, Moving Images Distribution

Au commencement de nouveau, mais cette fois-ci, au moment catalyseur d’une déclaration, un désir, « un rêve de faire quelque chose de mieux ». « City Survival  » (1983) de Lulu Keating est une approche légèrement plus tendre de la ville. Notre guide est Keating elle-même, animée derrière sa protagoniste Mary Francis. Le traitement de Keating est soigné. Sentant notre nervosité face au départ, une fois de plus, elle nous rappela avant de partir : « Vous pouvez toujours revenir à la maison ». (Peut-être étions-nous ici auparavant?) Keating supervise notre transport sécuritaire vers la ville. Elle nous donne ensuite un endroit où vivre, et elle nous présente même des individus qui peuvent nous aider. Or, cet endroit que nous désirons tant demeure loin de notre portée.

Le monde avec lequel elle nous entoure crée une isolation et à travers son personnage principal, nous sommes constamment cadrés d’une façon qui intensifie notre solitude. Cette ville en est une qui nous surplombe, étrange par sa forme, intimidante. Des changements de ton, de composition et de trame sonore accentuent la distanciation, parce qu’ici, dans cette ville, nous trouvons quelque chose de moderne, complexe, dont l’expérience s’apparente parfois à de la science-fiction.

En explorant les systèmes d’un endroit, Keating crée une projection, et modifie la symbiose entre son personnage et l’endroit. Elle inverse les rôles et dépeint l’effet d’un endroit sur une personne. Au sein du récit, une cascade accompagne son personnage – coulant toujours juste au-delà la fenêtre du monde qui entoure Mary-Francis. Et si vous écoutez attentivement, vous pouvez tout juste entendre la nostalgie et la préservation de souvenirs latents qui craquent dans les murs.

Allez-y, mettez votre oreille sur le mode, comme si c’était un coquillage…

Mais au-delà de ces contraintes, les résidents animent la ville. C’est à travers eux que la ville et notre relation avec elle sont vivifiées. Une collection d’interactions qui interviennent entre deux géographies distinctes accentue l’intimidation, la peur et l’inquiétude de façons ludiques et humoristiques – des interventions maladroites, si nombreuses qu’elles semblent être des incidents subtils.

La ville de Keating est bâtie sur l’exclusivité, ce qui est un moyen d’isoler. Malgré le ton inquiétant, une lentille est vigoureusement fixée sur le monde, qui change à travers le personnage, près d’un éclat de lumière loin devant, pointant sous le voile urbain.

Et nous sommes laissés à nous-mêmes une fois de plus, peut-être pour continuer à conjurer notre rêve?




Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.




Nous tenons à remercier le Conseil des arts de l’Ontario, un organisme du gouvernement de l’Ontario, de son aide financière.

La ville de Keating est bâtie sur l’exclusivité, ce qui est un moyen d’isoler. Malgré le ton inquiétant, une lentille est vigoureusement fixée sur le monde, qui change à travers le personnage, près d’un éclat de lumière loin devant, pointant sous le voile urbain.